Savoir écouter, la clé de la communication

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AVEZ-VOUS déjà raconté quelque chose d’important, et avoir une déception en voyant que l’autre n’arrive pas à vous comprendre, pire, il n’arrive même pas à vous écouter ? Je suis sûr que oui. C’est même extrêmement rare d’être bien écouté. Mais savez-vous bien écouter les autres ? La plupart des gens sont convaincus que oui. On pense que c’est très simple d’écouter. C’est parce que nous confondons entendre, et écouter. Entendre signifie que nous percevons le son de la voix de l’autre, écouter signifie que nous essayons de comprendre ce qui est dit. Dans cet article, vous allez apprendre à écouter, réellement écouter.

POURQUOI C'EST SI IMPORTANT

Pour qu’une relation démarre et fonctionne bien, il faut des échanges. Malheureusement, la tendance est souvent de trop parler et de ne pas assez écouter. Même si vous avez compris qu’il fallait écouter plus que parler, vous vous rendrez vite compte qu’écouter n’est pas si simple. Écouter et comprendre une personne, c’est savoir décoder ce qu’elle dit, consciemment et inconsciemment. Cette capacité s’apprend et se développe avec la pratique. Elle est si rare que les gens remarqueront vos efforts, ce qui les touchera. Vous attirerez les gens simplement parce que vous leur offrez quelque chose que peu d'autres leur offrent.

POURQUOI C'EST SI DIFFICILE

Piège : être distrait par un élément extérieur

Vous êtes dans une soirée avec beaucoup de monde, vous discutez avec une personne jusqu’à ce que votre attention soit détournée par la discussion qui se passe derrière vous. On la tous faits. Mais il est prouvé que nous ne pouvons pas écouter deux voix en même temps. En réalité, notre cerveau alterne entre les deux, ce qui est épuisant pour nous et perceptible par l’autre. Alors, choisissez-en une.


De manière plus fréquente, celui qui nous distrait n’est pas la conversation derrière nous, mais notre téléphone. Nous l'avons tous fait aussi. C’est un manque de respect. En posant votre téléphone et en désactivant les notifications, vous montrez à la personne en face de vous qu’elle est plus importante qu’un objet.

Piège : être distrait par soi-même

C’est souvent nous-mêmes qui nous distrayons le plus. En discutant par messages vocaux avec des amis, je voulais fréquemment réagir tout le long. Dans la réalité, la personne ferait une pause pour m’écouter, mais dans un enregistrement audio, je devais attendre. J'ai réalisé que cela arrivait beaucoup trop de fois. Nous réagissons intérieurement à ce que dit l’autre, mais quand nous parlons avec nous-mêmes, nous n’écoutons plus l'autre.


Essayez de ne pas garder en mémoire votre prochaine remarque. Lâchez prise et écoutez. Demandez-vous pourquoi vous voulez dire à tout prix quelque chose : est-ce pour l’autre ou pour vous ? Survivra-t-il sans cette remarque ?

Piège : croire que nous comprenons l'autre

Nous commettons tous cette erreur : croire que nous avons compris ce que l’autre dit. Quand nous pensons savoir, nous arrêtons de chercher.


La communication est une question d’encodage et de décodage. La personne qui parle encode son message, qui est ensuite décodé par son interlocuteur. Mais j’ai constaté que beaucoup plus d’éléments qu’on ne l’imagine se perdent dans cette traduction. Souvent, nous croyons comprendre le message encodé, alors qu’en réalité, ce n’est pas le cas (...). La réussite des thérapeutes relationnels dépend de leur capacité d’écoute.” D’après La thérapie Brainspotting, Dr David Grand.


Chaque mot a une tonalité émotionnelle différente selon notre histoire, notre région, notre famille, etc. Un exemple flagrant, ce sont les gros mots. Gros mots justement parce que leur tonalité émotionnelle est forte. Si je vous dis “tabernak”. Qu’est-ce que cela évoque pour vous ? Si vous avez grandi en France, probablement pas grand-chose. Mais pour un Québécois, c’est un gros mot. Si maintenant, vous êtes religieux ou historien, vous pensez peut-être à l’origine de “tabernak” qui est “tabernacle”, la tente qui servait de lieu de culte aux Israélites. Donc un même mot peut nous évoquer des choses complètement différentes d’une personne à une autre.


Une autre difficulté, c’est que nous ne parlons pas seulement avec des mots. Des scientifiques pensent que la communication verbale représente moins de 10% de la communication, et que donc plus de 90% serait par le ton de la voix, les expressions du visage, notre posture… Si vous voulez en savoir plus, faites des recherches sur la synergologie. Il y a en parallèle, un autre discours dans cette discussion, une conversation cachée, inconsciente que votre cerveau capte inconsciemment. Si en tant qu’homme, vous prenez toujours aux pieds de la lettre ce que vous dit votre femme, sans chercher le sens caché, vous ratez 95% des informations qu’elle essaie de vous transmettre.


Alors dans le doute, partez toujours du principe que vous ne comprenez pas, parce qu’il y a de grandes chances qu’effectivement, vous ne compreniez réellement pas ce que l’autre essaie de vous communiquer tant bien que mal.

COMMENT Y ARRIVER

#1 Être en état de pleine conscience

Pour réussir à être concentré à 100% dans ce que l’autre nous dit, sans nous laisser distraire par notre environnement extérieur ou par nous-même, cela nécessite de développer nos capacités de concentration à leur plein potentiel. Une habitude qui peut vraiment faire la différence, c'est de pratiquer la méditation de pleine conscience (Mindfulness). L’objectif de cette pratique est de fixer notre attention sur des choses très simple comme notre respiration par exemple, ou notre corps. Si vous arrivez à rester plusieurs minutes fixé sur quelque chose d’aussi simple que l’air qui rentre et l’air qui sort de vous, vous pourrez beaucoup plus facilement rester concentré sur ce que la personne vous dit, en faisant abstraction de votre environnement et en faisant taire le flot de pensées.


La méditation nous aide à être plus connectés à nous-mêmes, à écouter notre corps, nos pensées et nos émotions, sans jugement. En pratiquant régulièrement, vous entrerez en état de pleine conscience, où vous êtes totalement présent physiquement, mentalement et émotionnellement. Concrètement, lorsque quelqu’un vous parle, posez votre téléphone, éteignez les distractions, et regardez l’autre dans les yeux. Montrez que vous êtes complètement immergé dans ce qu’il dit.

#2 Écouter sans juger et sans réfléchir

Nos pensées parasites nous empêchent souvent d’être en pleine conscience. Nous avons tendance à juger ce que l’autre dit ou à vouloir réagir immédiatement. À l’instant présent, l’autre a seulement besoin d’être écouté. Cultivez la faculté de ne pas avoir d’avis. Cela ne signifie pas être d’accord avec tout, mais simplement ne pas juger ce qui est dit. Ne vous souciez pas de donner votre opinion ou votre approbation, écoutez juste.


Évidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire. L’attention est comme un enfant qui se distrait sans arrêt. Quand vous commencerez à appliquer tout cela, et même après, vous devrez constamment ramener votre attention sur ce qui dit l’autre. Au début, vous passerez votre temps à le faire. Avec le temps, vous aurez peut-être moins besoin de le faire. L’important, c’est de continuer à ramener notre attention là où on veut, peu importe le nombre de fois qui est nécessaire.

#3 Séparer l'information de l'émotion

Parfois, ne pas juger sera difficile. La personne en face peut exprimer des émotions que nous ne comprenons pas ou dire des choses absurdes à nos yeux. Utilisez votre intelligence émotionnelle pour différencier les informations des émotions. Quand une personne nous parle, elle va mélanger les deux. C’est à nous à décoder le message pour faire la différence entre les informations factuelles et les émotions ou sentiments par-dessus.

#4 Poser les bonnes questions

Une chose inévitable va se produire dans la discussion si vous suivez tout ce qui vient d’être dit. Une fois que la personne a fini de parler, si vous n’avez pas encore commencé à réfléchir à ce que vous alliez répondre, il se peut qu’il ait un blanc dans la discussion. C’est d’ailleurs la peur des blancs, du vide, qui amène certain à surenchérir sans arrêt à ce qu’ils entendent. N’ayez pas peur des blancs dans la conversation, ils peuvent être bénéfiques. Parfois, la personne réfléchira à ce qu’elle vient de dire et ajoutera elle-même d’autres éléments. Mais dans d’autres cas, il faudra utiliser les questions.

  • Cas n°1 : Vous pensez avoir toutes les informations nécessaires. Lorsque l’autre a fini de parler, ne vous précipitez pas pour répondre. Assurez-vous d’avoir bien compris en reformulant et en synthétisant ce qui a été dit, en disant par exemple :“ce que tu veux dire c’est que…”, “si j’ai bien compris, …”, “donc en résumé, …”, “si je le reformule avec mes mots…”.
  • Cas n°2 : Il y a quelque chose que vous ne comprenez pas. Dans ce cas, n’ayez pas peur de le dire. Le pire est de faire comme si on savait, la personne risque de s’en rendre compte plus tard dans la conversation et cela sera beaucoup plus gênant. N’ayez pas peur de poser “des questions bêtes”. Les personnes les plus intelligentes n’ont pas peur d’avoir l’air bête. Ne vous jugez pas de ne pas savoir. Vous avez le droit de pas savoir. Soyez plutôt fier d’assumer cela, car personne ne sait tout.
  • Cas n°3 : Vous avez l’intuition que quelque chose d’important n’a pas été dit. Ce n’est pas que l’autre vous cache quelque chose délibérément, cela peut être simplement qu’il a envie, mais qu’il n’y arrive pas, ou il ne sait pas comment le formuler. Dans ce cas, facilitez-lui les choses en posant des questions précises pour l’amener à s’ouvrir. Si jamais vous sentez que l’autre se met sur la défensive, n’insistez pas.
  • Cas n°4 : Vous ne percevez pas les émotions de l'autre, seulement les informations. Dans ce cas, posez tout simplement des questions sur ces sentiments : “Qu’est-ce que tu as ressentis quand cela est arrivé, et qu’est-ce que tu ressens maintenant ?”, “Qu’est-ce qui a été le plus dur pour toi ?”, “Qu’est-ce qui t’a aidé à faire face à cela ?”, “Comment tu décrirais tes sentiments par rapport à ça ?” …

Attention toutefois à ne pas transformer la discussion en interrogatoire, ou en séance psy. La personne n’a peut-être pas envie de tout dévoilé. Il faut respecter cela. Ne vous sentez pas non plus obligé de tout reformuler ou de poser des questions juste pour lui montrer que vous avez écouté. Quelqu’un qui écoute vraiment, ça se voit. Vous n’avez donc rien à prouver.

#5 Entrer en connexion émotionnelle

La communication, c’est comme construire un pont entre l’autre et vous. La connexion émotionnelle, c’est construire un pont entre les cœurs. Parler à cœur ouvert demande d’ouvrir votre cœur et d'écouter avec empathie, compassion et bienveillance. C’est au-delà du non-jugement, c’est aller dans le même sens qu’elle au niveau émotionnel. Cette étape est sans doute le plus difficile, mais aussi la plus importante. Cela nécessite d’être en pleine conscience et d’éteindre sa tête pour laisser vivre son cœur.


Vous les accompagnez dans leur émotion, ce qui fait qu’ils vont se sentir écouter, mais aussi soutenus et compris. Rien que votre écoute pourra leur faire beaucoup bien. Parfois, il n’y aura même pas quelque chose à ajouter pour les aider. Cela sera un cadeau pour l’autre.

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